Mouches et moucherons Un pouvoir pathogène qui peut être important sur les bovins

Article publié le 24/05/2022

Source : GDS Creuse – DMV Boris BOUBET

 

 

Insectes vecteurs : Avec la saison estivale, les mouches et moucherons vont revenir sur les animaux d’élevage. Au-delà de la gêne occasionnée, ils présentent un pouvoir pathogène direct par leurs larves mais sont également vecteurs de nombreuses maladies.

Les mouches et moucherons constituent une nuisance pour les animaux au pré. Mais ils peuvent également présenter un pouvoir pathogène, direct ou indirect.

 

 

De nombreuses espèces présentes dans les troupeaux

Les mouches et moucherons sont des insectes de la famille des diptères, caractérisés par une seule paire d’ailes. Les « mouches » peuvent être classées en deux grandes catégories, les « lécheuses », qui se nourrissent de débris de peau, d’exsudats du nez, des yeux et des plaies et de sécrétions lactées et vaginales (mouche d’automne et mouche domestique…) et les « piqueuses », hématophages, dont la piqure est très douloureuse (stomoxes, mouches des cornes, tabanidés, simulies…). Pour les moucherons, les plus connus par leur pouvoir de vecteur
de maladie sont les culicoïdes. Ce sont de petits insectes hématophages de 1 à 4 mm de long, avec une activité surtout à l’aube et au crépuscule et en bordure de bois.

 

Un pouvoir pathogène direct par leurs larves…

Connues sous le nom générique d’asticot, les larves de ces insectes sont carnivores. Elles sont responsables de myiases avec un impact clinique important sur les ovins ou les veaux. Historiquement provoquée par Lucilla sericata, une nouvelle mouche est apparue ces dernières années, Wohlfahrtia magnifica, responsable de myiase très sévères. Et il ne faut pas oublier les larves d’Hypoderma, plus connues sous le nom de varron. Si elles ont été éradiquées en France métropolitaine, il reste des foyers dans les pays limitrophes nécessitant une grande vigilance lors des échanges commerciaux.

 

… et indirect comme vecteur de maladies

Les mouches sont réputées pour dégrader le bien-être des bovins et pour diminuer leurs performances zootechniques (GMQ et production laitière) mais elles sont aussi vectrices de maladies. Un vecteur est un insecte qui transmet un agent pathogène : un virus, une bactérie ou un parasite. Il l’acquière sur un hôte, à l’occasion de son repas ou par portage passif, puis le transmet à d’autres individus. Certains de ces hôtes sont essentiels au cycle de vie du pathogène, qui peut y rester pendant une durée de temps assez longue, se multiplier et se transmettre à d’autres animaux. Ce sont des hôtes réservoirs. D’autres espèces sont infectées par le pathogène de façon plus occasionnelle et ne lui permettent pas de se multiplier et d’infecter d’autres animaux. Ce sont des hôtes intermédiaires.

 

Une transmission suivant différentes modalités

Pour les mouches « lécheuses », la transmission se fait de manière passive ; l’insecte se contamine sur les pattes ou les pièces buccales, s’envole et va contaminer l’animal voisin. Pour les mouches « piqueuses », les vecteurs s’infectent en prélevant un agent pathogène sur un hôte infecté lors de la prise d’un repas sanguin ; on parle d’hématophagie. Les modes de transmission à un nouvel hôte sont alors variés, les plus fréquents étant :

  • L’injection de salive lors d’une nouvelle piqûre
  • La régurgitation
  • La migration active du parasite pendant la piqûre (filaires)

 

La Kérato-Conjonctivite Infectieuse Bovine (KCIB)

La mouche d’automne, Musca autumnalis, est porteuse de la bactérie Moraxella bovis, agent de la KCIB. La mouche transfère la bactérie d’un œil à un autre, sur plusieurs animaux. Le premier symptôme visible est un petit point blanc sur la cornée, en général sur des animaux au pâturage, à la belle saison. L’animal présente ensuite du larmoiement et de la photophobie. La maladie n’est pas symétrique et le plus souvent, un seul œil est atteint. Sans intervention, les lésions se compliquent pouvant conduire à l’apparition d’ulcères de la cornée, voire la perte de l’œil. La propagation de la maladie peut être rapide, il convient donc de surveiller régulièrement les animaux et d’intervenir dès le début des signes cliniques. Le traitement passe par l’isolement de l’animal, afin de le mettre à l’abri du soleil, du vent et des poussières, complété par l’administration locale d’antibiotiques (pommade, intra-palpébrale, sous-conjonctivale…).

 

Les mammites d’été

Les mouches transportent aussi des germes sur les mamelles (Streptococcus et Staphylococcus) dans des contextes particuliers, qui peuvent être à l’origine de mammites.  Une autre bactérie, peu fréquente, Arcanobacterium pyogenes, provoque des abcès dans la mamelle, avec un ou plusieurs quartiers condamnés. Cette mammite sévère dite « d’été » survient généralement en juillet, août ou septembre. L’infection est propagée par des mouches telles que Hydrotaea irritans qui se posent sur les trayons et transmettent le germe aux quartiers. Les plaies sur les quartiers ou les trayons constituent un facteur favorisant.

 

La Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) et la maladie de Schmallenberg

Les culicoïdes ne faisaient pas partie des insectes vecteurs majeurs sur notre territoire jusqu’à l’apparition de la FCO aux Pays-Bas en 1996. Depuis, la maladie est bien implantée, plusieurs sérotypes ont circulé et des animaux servent de réservoir du virus. En 2011, un nouvel agent pathogène provoquant avortements et malformations fœtales a été identifié, le virus de Schmallenberg. Là encore, le rôle de vecteur des culicoïdes a été démontré.

 

La besnoitiose bovine

La maladie est due à un parasite microscopique qui s’apparente à une coccidie. Le nom de Besnoitia besnoitii fait référence au nom du chercheur (BENOIST) qui a découvert le parasite au début du 20ème siècle. Cette maladie vectorielle est transmise par des insectes piqueurs (taons, stomoxes). Si leur repas sur le bovin est interrompu, ils finissent immédiatement sur l’animal voisin, ce qui explique que le risque de transmission est maximal à moins de 15 mètres. Elle apparaît d’abord par foyers disséminés, cantonnés à une vallée ou un périmètre bien défini puis diffuse autour pour devenir endémique. Historiquement endémique de l’Ariège, sa dissémination progressive au niveau de la France et son expansion vers l’Europe centrale est principalement due à l’introduction de bovins contaminés au sein de troupeaux indemnes qui servent d’amorce au foyer.

 

La parafilariose ou « sueur de sang »

La parafilariose bovine est une maladie parasitaire due à la présence, au développement et à la migration dans le tissu conjonctif sous-cutané et intermusculaire d’un nématode, la filaire Parafilaria bovicola. Elle se manifeste par la formation de nodules hémorragiques cutanés, surtout sur les parties antérieures et dorsales de l’animal (plaies d’été d’où son appellation de « maladie des sueurs de sang »), ainsi que par des lésions sous-cutanées et musculaires ayant l’apparence de contusions. L’hôte intermédiaire est Musca autumnalis (la « mouche d’automne »). Elle est active d’avril à octobre, à une température ambiante de 14 à 25°C. La mouche femelle, seule hématophage, est attirée par le sang épanché à la surface des nodules produits par la ponte du filaire femelle adulte. En même temps que le repas sanguin, la mouche absorbe des œufs du parasite qui évoluent en microfilaires (larve stade I). Elle héberge la larve du stade I au stade III avec un développement en une vingtaine de jours. L’infestation d’autres bovins s’effectue par les mouches au moment du repas, soit sur les nodules hémorragiques, soit au niveau orbitaire lorsque les mouches se nourrissent des sécrétions lacrymales. Elle intervient de mi-juin à début juillet.

 

Et d’autres menaces en Europe…

D’autres maladies comme la Dermatose Nodulaire Contagieuse des Bovins sont présentes en Europe mais pas en France.

 

DMV Boris BOUBET
GDS Creuse