IBR : bientôt le bout du tunnel

Sanitaire : Les GDS se sont fortement mobilisés ces dernières années pour son éradication

Depuis la campagne 2016/2017 la situation épidémiologique en matière d’IBR (Rhinotrachéite infectieuse Bovine) en région Hauts-de-France s’est nettement améliorée, notamment grâce aux efforts des éleveurs, encadrés par les 5 Groupements de Défense Sanitaire de la région. En effet, l’arrêté du 31 mai 2016, fixant des mesures de prévention, de surveillance et de lutte contre l’IBR, a fortement fait évoluer les mentalités dans le bon sens, et motivé les éleveurs dans leur démarche d’éradication. Chaque troupeau, s’est donc vu attribuer un statut au regard de l’IBR suivant sa situation épidémiologique. Ce travail a été réalisé par le personnel des GDS.

Bilan sur la campagne de prophylaxie 2017/2018

A ce jour, le taux de cheptel indemne d’IBR est de 80% en Hauts-de-France, avec une variation allant de 72% pour le département du Nord à 92% pour le département de la Somme. A savoir que ces taux ont bien évolué depuis une année, puisqu’en octobre 2017 nous étions à moins de 70% de cheptels qualifiés « Indemne » sur la région. L’arrêté IBR de 2016 est pour beaucoup dans cette amélioration sanitaire. Il est important de préciser que près de 6 % de nos élevages sont proches de la qualification « Indemne »

Le tableau ci-dessous reprend les taux de qualification IBR dans les Hauts de France au 01/10/2018.

  Indemne En cours de qualification En assainissement Non conforme
Aisne

89%

4%

6%

0,60%

Nord

72%

6%

13%

0,25%

Oise

88%

4%

6%

1,56%

Pas de Calais

79%

8%

6%

0,39%

Somme

92%

3%

4%

1,37%

Moyenne

82%

6%

7%

0,83%

 

Gestion des élevages positifs

Le nombre de bovins positifs/vaccinés en IBR est passé de 33552 animaux en octobre 2017 contre 27688 aujourd’hui, soit une prévalence bovin à 2,43% en Hauts-de-France.

Certes, ce taux est en nette amélioration depuis la mise en place de l’arrêté de 2016, mais il faut rester fort prudent! Dix-neuf élevages se sont encore contaminés sur cette campagne, et pour certains, c’est l’ensemble des animaux du cheptel qui a dû être vacciné. Nous avons remarqué que la contamination de ces cheptels provenait principalement de mauvaises pratiques sanitaires :

– Une quarantaine absente ou mal conduite lors de l’introduction d’animaux, (voir paragraphe ci-dessous sur la gestion des mouvements d’animaux);

– Une contamination par le voisinage. Il est important que l’éleveur se renseigne sur les statuts IBR de ses voisins de pâture, et, dans le cas où il y a du vagabondage, il faut demander au vétérinaire sanitaire de pratiquer des prélèvements pour recherche d’IBR (entre 15 à 30 jours après la séparation et l’isolement des animaux) pour vérifier s’il y a eu ou pas une contamination.

Ces contaminations sont lourdes de conséquences pour ces troupeaux, qui doivent vacciner leurs animaux reconnus séropositifs, réaliser des analyses avant la sortie pour les bovins destinés à l’élevage, ainsi que des prélèvements sur tous les animaux à partir de l’âge de 12 mois lors de leur prophylaxie annuelle. De plus l’ensemble de leurs animaux reconnus séropositifs, (marqués « BOVIN POSITIF IBR » sur leur carte verte), ne peuvent être destinés qu’à l’abattoir ou aux ateliers dérogataires dédiés (cartes jaunes). Les débouchés restent donc fortement limités.

L’arrêté de 2016 a également permis de bien encadrer les vaccinations des animaux reconnus séropositifs. Depuis 2 ans, les bovins reconnus nouvellement séropositifs, suite à la prophylaxie annuelle, doivent avoir reçu leur 1ère injection de primo-vaccination dans le mois qui suit la notification du GDS (contre 2 mois avant). Cette mesure permet de limiter la contamination à d’autres animaux et d’éviter que des bovins séropositifs sortent en pâture sans avoir été préalablement vaccinés. Sur notre région, le taux de vaccination représente plus de 96 %, ce qui est une bonne avancée. En effet, plus ce taux sera élevé, plus le risque de contamination sera limité. Les cheptels qui ne sont pas à jour de vaccination, se voient attribuer, pour leur part, un statut IBR « NON CONFORME » après un rappel et sont ensuite gérés par la DDcsPP.

Reste à convaincre nos 300 cheptels qui détiennent peu d’animaux reconnus séropositifs/vaccinés, de les éliminer rapidement. Si ces élevages éliminent leurs derniers bovins reconnus séropositifs/vaccinés avant leur prophylaxie et qu’ils ont des résultats favorables lors de celle-ci, ils pourraient accéder à un statut qui leur permettraient de limiter le coût de leurs analyses annuelles. Il faut rappeler que de garder un bovin reconnu séropositif, même correctement vacciné, dans son troupeau représente toujours un risque quant à une nouvelle circulation virale au sein de son propre élevage , mais également de celui de ses voisins.

 

Gestion des mouvements d’animaux

Dans notre région, nous avons découvert 300 bovins positifs lors de la réalisation des visites d’introduction. Pour certains, la contamination a pu avoir lieu pendant le transport ou directement dans le cheptel introducteur (élevage avec de la circulation virale). Nous ne rappellerons jamais assez qu’isoler l’animal introduit (mise en quarantaine stricte) est primordial lors de l’introduction (achat ou pension). Cette quarantaine permet à l’animal de bien être isolé du reste du troupeau tant que les résultats d’analyses ne sont pas parvenus favorables, mais également de s’adapter doucement à son nouvel environnement, d’être observé sereinement par l’acquéreur et de bénéficier d’une transition alimentaire. Le risque « ZERO » n’existe pas en matière de sanitaire, alors ne négligez pas cette étape.

Lors de mouvements d’animaux provenant d’un cheptel Indemne d’IBR, il vous est possible de faire une demande de dérogation au contrôle sérologique à l’introduction en IBR. Cette solution semble très avantageuse, tant au point du vue économique que pratique. Mais attention, le transport doit être maîtrisé et sans rupture de charge. Nous conseillons aux éleveurs, d’associer ce document qui valide l’introduction pour la partie IBR, avec la visite du vétérinaire. Il nous semble important de rappeler que les visites d’introduction servent à vérifier que l’animal est en bonne santé (examen clinique réalisé par votre vétérinaire), mais vous permettent également de demander le dépistage d’autres maladies comme la BVD, la paratuberculose, la néosporose ou encore la besnoitiose. L’introduction d’un reproducteur reste un investissement important. Négliger la visite d’achat, ou ne pas la réaliser du tout peut avoir de lourdes conséquences pour votre élevage.

Les GDS des Hauts de France restent à votre disposition pour toute information complémentaire concernant l’IBR. Certes, cette maladie tend à disparaître, mais n’oublions pas que nos voisins européens sont pour la plupart reconnus indemnes ou en cours de reconnaissance. Nous devons accéder au plus vite à cette reconnaissance et pour ce faire, chaque acteur de la filière bovine est concerné.

Laure Artégiani – GDS 02 – GDS Hauts-de-France.