Nettoyer et désinfecter

Profitez du vide sanitaire pour nettoyer et désinfecter le bâtiment d’élevage.

En hiver dans les bâtiments, bactéries, virus, parasites ou encore moisissures s’accumulent et peuvent provoquer des troubles sanitaires lorsqu’un de ces germes devient dominant et que l’immunité des animaux est déficiente. Certains agents pathogènes peuvent persister longtemps dans l’environnement : leur résistance augmente d’autant plus s’ils sont « protégés » par des matières organiques qu’ils utilisent comme support nutritif pour se développer ou rester en latence (matières fécales sèches, sang, etc.) ou s’ils sont sous forme enkystée,  c’est  le cas notamment des cryptosporidies, coccidies ou encore de certains champignons (spores de la teigne par exemple). Afin de diminuer la pression infectieuse dans les bâtiments, en cours d’hivernage ou lors de vides sanitaires, il est donc nécessaire de nettoyer, voire désinfecter les aires de vie des bovins, à condition de respecter certaines étapes.

Nettoyage-décapage : préalable indispensable à la désinfection

Le nettoyage  approfondi du bâtiment est la partie la plus astreignante, mais la plus importante et qui permet d’éliminer plus de ¾ des germes ! Trois étapes clés le constituent : le curage, le trempage et le décapage. La première étape consiste à évacuer les litières, vidanger les fosses, sortir le petit matériel d’élevage (nettoyé et désinfecté à part) et enlever grossièrement les résidus de paille, nourriture, etc. Une fois le bâtiment nettoyé à sec, veiller à protéger les installations électriques. Puis, au moyen d’un jet basse pression, il faut arroser littéralement le bâtiment : l’objectif est d’humidifier l’ensemble des murs, sols et barrières pour les laisser détremper pendant au moins 4h afin de faciliter l’étape suivante de décapage ; cela permet d’économiser jusqu’à 50% du temps de décapage. Puis décaper les surfaces au moyen d’un jet d’eau à haute pression tant que les surfaces sont encore humides. Notons que l’utilisation d’un nettoyeur haute pression à eau chaude (+/- 100°C) est le plus efficace, tant en terme de temps de travail mais aussi d’efficacité d’élimination des matières organiques.

La désinfection : le choix du produit est important

La désinfection peut être réalisée de suite après le décapage, quand les surfaces sont encore humides (24-48h après) : le produit agira plus facilement. Ceci se fait au moyen d’un pulvérisateur portatif à basse pression. Un désinfectant est un produit spécifique dont les propriétés bactéricides, virucides, fongicides, voire ookysticides ont été prouvées : celles-ci doivent figurer sur le bidon ou sur la notice qui l’accompagne. Un désinfectant utilisable en élevage doit être agréé et répondre à la norme AFNOR. Certains produits répondent même aux recommandations spécifiques de l’Agriculture Biologique. Dans tous les cas, les doses prescrites, les recommandations d’usage et de protection du personnel (port de gants, masque, …) ainsi que la règle de stockage doivent être respectées.
En ce qui concerne son action, on optera de préférence pour un produit à large spectre, avec la triple homologation bactéricide, fongicide et virucide et une action rapide. Si dans l’élevage, la coccidiose et/ou la cryptosporidiose sont des pathologies fréquemment rencontrées sur les veaux, il sera intéressant d’utiliser un produit plus spécifique : un ookysticide (détruit les ookystes de cryptosporidies ou coccidies).
A noter que certains produits sont plus efficaces que d’autres en présence de matière organique voire sur terre battue. Rappelons également que les asséchants, produits de lessive ou détergents n’ont pas de pouvoir désinfectant.
A noter enfin que l’utilisation systématique ou exagérée de désinfectants puissants à très large spectre risque d’induire une résistance de certains germes dans l’élevage, rendant la désinfection inefficace à moyen terme.

Après la désinfection : le vide sanitaire

Après avoir désinfecté les sols, les murs (jusque 2m de haut), les barrières et tout le matériel présent dans le bâtiment, il est nécessaire de faire un vide sanitaire d’au moins 15 jours, temps nécessaire pour assécher entièrement le bâtiment (selon les conditions météorologiques) ; plus le vide sanitaire est long, mieux c’est. En effet, la désinfection n’est pas un processus instantané, mais évolue favorablement pendant le temps de séchage. C’est pourquoi cette étape se fera de préférence au printemps (après la sortie des bovins en pâture) plutôt qu’à l’automne, juste avant la rentrée des bovins en bâtiment. Durant la période de vide sanitaire le bâtiment ne doit pas être accessibles aux autres animaux de la ferme (chiens, chats, poules …). Parallèlement, il est nécessaire d’éviter toute recontamination : pédiluves et robinets aux entrées pour le nettoyage des bottes des intervenants extérieurs, désinfection des circuits d’eau, nettoyage du tracteur qui a servi à l’enlèvement du fumier et qui vraisemblablement servira à remettre le matériel et la nouvelle litière, voire également désinsectisation et dératisation si nécessaire.

PARTICULARITÉ DES SOLS EN TERRE BATTUE

 

L’entretien et la désinfection des zones de couchage sur terre battue nécessitent quelques précautions.  Si la terre battue a l’avantage d’être drainante et non froide, notamment pour les veaux, elle est toutefois plus difficile à entretenir et à « assainir ».
 

Les règles de base pour l’entretien et la désinfection des sols en terre battue :

  • Entretien : veiller régulièrement à combler les trous, lorsque le bâtiment est vide, afin d’éviter que ceux-ci ne deviennent des réservoirs à microbes car difficiles à nettoyer.
  • Désinfection : l’application d’un désinfectant classique n’est pas efficace. Toutefois, certains désinfectants dont l’activité est peu altérée par la matière organique peuvent être utilisés (liste au GDS – 03.83.93.44.76) à condition de bien mouiller le sol pour favoriser la pénétration du désinfectant. Dans tous les cas, l’utilisation de chaux est à proscrire car elle va alcaliniser le milieu et ainsi favoriser le maintien et le développement des colibacilles : ceci aurait donc l’effet inverse à celui attendu.

Si l’élevage n’est pas confronté à des épisodes d’entérites néonatales sévères et n’est pas atteint de paratuberculose, un vide sanitaire long peut suffire à assécher suffisamment le sol et éliminer un maximum de pathogènes peu résistants dans le milieu extérieur.

GDS 54